Kouchner : le Rwanda est "le plus important", dit Péan . Les positions de Pierre Péan sur le génocide rwandais permettent d'expl
Pierre Péan n'accepte pas la proximité entre Bernard Kouchner et Paul Kagame (Sipa)
Pierre
Péan a indiqué mercredi 4 février 2009 dans l'émission Le Grand Journal
sur Canal + que la proximité entre Bernard Kouchner et le président
rwandais Paul Kagame avait motivé l'écriture de son livre "Le monde
selon K.".
"Le plus important dans ce livre est l'affaire du Rwanda.
Effectivement, c'est comme ça que je suis entré dans ce livre", a
déclaré l'auteur. Les positions de Pierre Péan sur le génocide rwandais
permettent d'expliquer pourquoi l'auteur juge que Bernard Kouchner
appartient au camp "anglo-saxon".
Les accusations de complicité de génocides
Le journaliste politique Jean-Michel Apathie a demandé à Pierre Péan de s'exprimer sur une phrase de son livre :
"L'idéologie de Bernard Kouchner et Bernard Henry-Levy est la haine du
gaullisme et la philosophie politique qu'elle sous-tend : 'une
indépendance nationale honnie au nom d'un cosmopolitisme anglo-saxon'".
Jean-Michel Apathie rapporte également l'anecdote du livre sur le
comportement de Bernard Kouchner durant la demi-finale de la coupe du
monde de rugby, le 13 octobre 2007. Pierre Péan relate que Bernard
Kouchner s'est levé pour le l'hymne anglais mais pas pour l'hymne
national français.
"Je le rapporte au Rwanda, parce que je considère que la façon dont
Kouchner s'est occupé du Rwanda, laissant les accusations de Paul
Kagame contre la France, rapport hallucinant qui traite François
Mitterrand de complice de génocide, l'ancien Premier ministre de
complicité de génocide, et que Bernard Kouchner ne se lève pas pour
dire que cela est faux, qu'il cautionne en ne disant rien,
effectivement cela me choque", a affirmé Pierre Péan.
Les Etats-Unis soutenaient Kagame
Bernard Kouchner se trouvait aux côtés de Paul Kagame durant le génocide des "tutsis" de 1994.
Avant le drame, les Etats-Unis soutenaient militairement l'armée
"tutsi" de Paul Kagamé (anglophone), le FPR. La France, elle, soutenait
le régime "hutu" de Juvénal Habyarimana (francophone).
Le french doctor avait demandé au président François Mitterrand
d'intervenir militairement pour mettre fin aux massacres. Ce que le
président a refusé de faire sur le moment, l'opération turquoise des
troupes françaises mandatées par l'ONU, n'ayant débuté que le 22 juin
1994, trois mois après le début du génocide.
Réconciliation avec Kagame : "choquant"
"Ce que j'ai trouvé choquant c'est que dès son arrivée au ministère, il
dise qu'il ferait tout pour se réconcilier avec Kagame, que je
considère (...) comme un énorme dictateur, qui a mis le feu à toute la
région des grands lacs depuis 1990, qui est soupçonné par la justice
française d'avoir commis un attentat dans lequel deux président de la
République sont morts (le président rwandais Juvénal Habyarimana et son
homologue du Burundi Cyprien Ntaryamira, ndrl), trois Français sont
morts, et dont tout le monde s'accorde à dire que c'est le facteur
déclenchant du génocide", a déclaré Pierre Péan.
Donc se réconcilier avec ce personnage m'a choqué. (...) Au mois de
juin de l'année dernière, j'ai su que le cabinet Kouchner faisait des
pressions, des manœuvres sur la justice française, dans le dossier
Bruguière, c'est cela qui m'a déterminé à aller au-delà et
effectivement écrire ce livre", a ajouté Pierre Péan.
Péan prend parti
Avec l'instruction du juge Bruguière, la France a accusé Paul Kagamé
d'avoir abattu l'avion de Juvénal Habyarimana et d'avoir ainsi
déclenché le génocide. Le régime de Kagame a répondu en rédigeant un
rapport sur la responsabilité de la France dans le génocide Rwandais.
Que ce soit l'une ou l'autre accusation, la justice n'a pas encore tranché.
Ces deux accusations sont au centre des tensions diplomatiques entre la France et le Rwanda.
Mais en accusant Paul Kagame, la France tente de se dédouaner de toute
responsabilité dans le génocide. De son côté Paul Kagame en accusant
les anciens dirigeants français, cherche peut-être à écarter sa
responsabilité dans la mort de l'ex-président rwandais.
La théorie selon laquelle l'attentat contre Juvénal Habyarimana a
déclenché le génocide laisserait presque oublier que ce sont les
"Hutus" extrémistes, qui ont ordonné la tuerie, après avoir pris le
pouvoir.
Pierre Péan, depuis son livre "Noires fureurs, blancs menteurs" publié
en 2005, a pris clairement parti. Il estime que la France n'a rien à
voir avec le génocide, que Paul Kagamé a abattu l'avion d'Habyarimana,
et que cet attentat a déclenché le génocide.
Péan dément tout antisémitisme
Pierre Péan est également revenu sur la réponse de Bernard Kouchner à
l'Assemblée nationale. "On m'accuse de cosmopolitisme (...) ça ne vous
rappelle rien ?", a déclaré le ministre des Affaires étrangères aux
députés. "Il suggère un présupposé antisémitisme", répond Pierre Péan.
"Depuis que j'ai écrit sur le Rwanda, je suis objet de cette attaque de
façon constante".
L'écrivain renvoie cette question à l'affaire qu'il l'a opposé à SOS
Racisme. Il avait été acquitté pour diffamation raciale et provocation
à la discrimination raciale à la suite de son ouvrage sur le génocide
rwandais : "Noires fureurs, blancs menteurs" (Fayard, 2005).
Il était reproché notamment à Pierre Péan de reprendre dans son ouvrage
les accusations racistes des "Hutus" attribuant aux "Tutsis" une
"culture du mensonge et de la dissimulation".
Les juges avaient alors souligné "que si l'auteur attribue
principalement aux Tutsis ce particularisme culturel, il le prête
également aux Hutus et plus généralement aux Rwandais".
"On n'avait pas pu en droit français me traiter de révisionnisme ou de
négationnisme mais c'était ça l'accusation", a déclaré Pierre Péan au
Grand Journal.
"Qu'est-ce que cela veut dire cosmopolitisme pour vous ?", demande Jean-Michel Apathie.
"C'est dans un ensemble" déclare Pierre Péan. Ajoutant "le 'cosmopolitisme anglo-saxon' n'est pas un terme antisémite".
Alain Roux