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ALHOURIYA
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23 janvier 2009

Economie/Tchad: La Récession économique : Quelles conséquences pour le Tchad ?

                 

    La récession économique actuelle dans le monde affectera le Tchad dans sa croissance à cause de la baisse des recettes liées aux ressources pétrolières et du recadrage probable des aides bilatérales et multilatérales.
Après la crise financière, tous les pays développés, principaux partenaires économiques du Tchad, annoncent la récession économique en attendant probablement une crise économique. Ils connaissent déjà ou connaitront une forte baisse de leurs productions durant toute l’année 2009. Dans ces conditions, il est évident que cette situation se répercutera sur l’économie du Tchad. En l’absence d’indicateurs précis permettant de déterminer exactement à quelle période le Tchad subira l’effet de la récession, nous pouvons, à travers d’autres indicateurs de la conjoncture et de la croissance, ressortir les secteurs fragiles et sensibles, susceptibles d’être paralysés si des mesures structurelles et conjoncturelles ne sont pas anticipées pour protéger l’ensemble de l’économie nationale. Nous nous focaliserons précisément sur les sources de financement des programmes de développement et l’orientation de la politique économique à moyen et long termes récapitulé dans le document de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté qui consacre un volet spécifique à la relance et au maintien de la croissance économique à l’horizon 2015.

    La baisse des ressources d’exportation

    Dans le cadrage macro économique, la première et principale source de la croissance économique du Tchad est l’accumulation des recettes pétrolières cumulées aux effets positifs d’un afflux d’investissements directs étrangers. De ce côté, les chiffres ne font pas craindre le pire, car théoriquement ce ne sont que les retombées directes qui vont en pâtir puisque directement indexées sur le prix du brut actuel. Fluctuant au-delà de 102 milliards de Fcfa annuel, on peut s’attendre logiquement à une baisse du surplus attendu à cause de la chute des cours. En ce qui concerne les revenus indirects, leur baisse sera plus accentuée du fait de la conjoncture continuellement dégradante et de la fermeture des usines de sidérurgie et de la diminution des travaux de construction et de transport ayant une forte consommation des matières premières énergétiques dans les principaux pays clients du Tchad déjà en récession, à savoir les USA, la France, l’Allemagne et surtout la Chine. Pour cette dernière, le trop d’optimisme du Tchad dans la coopération et les accords doit être tempéré et conduit prudemment, car son économie est en récession à 7,5% du taux de croissance, son plus bas niveau depuis 19 ans. Ainsi, l’on s’attendra à voir en baisse les recettes pétrolières, les dépenses publiques dans les secteurs prioritaires, l’investissement privé, la croissance et l’emploi dans les secteurs non pétroliers.
    Les institutions financières internationales

    La deuxième source sûre de financement des programmes de développement du Tchad à l’horizon 2015 est, en dehors des ressources pétrolières, la coopération bilatérale, l’aide extérieure, la réduction des dettes (260 millions de dollars US) conditionnée par la stricte observation de la Facilité de réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). Malheureusement, ce dernier programme est suspendu depuis août 2005 au premier décaissement de 38 millions de dollars couvrant la période 2005-2008. La dernière mission du FMI, du 06 au 19 novembre 2008, conduite par Sukhinder, chef de division adjoint au département Afrique, n’a pas donné des indications précises sur la reprise des financements. La démarche du FMI serait donc plus d’ordre technique en vue d’apprécier les indicateurs de la croissance du Tchad que pour la reprise effective des financements. La déclaration finale de la mission souligne que : « le FMI reste prêt à appuyer le Tchad en lui apportant ses conseils de politique économique et son assistance technique, si des progrès suffisants sont accomplis dans la gestion des finances publiques, par l’intermédiaire d’un programme de référence ». Quant à la Banque Mondiale, détenant au 30 septembre 2007 un ensemble de dix projets actifs correspondant à des engagements de financement de 302 millions USD dans le cadre de la stratégie d’assistance-pays, elle s’est faite remboursée de manière anticipée les prêts au Tchad. Son départ classe désormais le Tchad dans le box des mauvais élèves. Pointant du doigt la mauvaise gestion financière du pays, elle ne serait pas prête à reprendre la coopération avec le Tchad si l’ensemble de ses conditions n’est pas rempli. Ce qui est un dilemme pour le Tchad pour qui la Banque Mondiale a depuis toujours été le garant des investissements parmi lesquels le projet pétrole. Tout compte fait, le seul partenaire financier détenant un projet de financement acquis est l’Union Européenne pour la période 2008-2013 d’un montant de 299 millions d’euros dans le cadre du Xème FED.
    L’état des politiques conjoncturelles

    L’économie du Tchad est une économie totalement ouverte. Le commerce, en pourcentage du PIB, montre bien le degré d’ouverture de l’économie. De 1999 à 2005, le taux est passé de 50,5 à plus de 100% en 2004 et 98% en 2005. Ainsi, si l’augmentation des recettes du pétrole entraîne de facto celle des dépenses publiques dans les secteurs prioritaires, l’investissement privé, la croissance et l’emploi dans les secteurs non pétroliers, la baisse des recettes pétrolières paralyserait profondément les dépenses publiques dans les secteurs prioritaires. La production du pétrole est en baisse depuis 2 ans et le serait encore cette année. Même avant la récession économique, les contre-performances du secteur pétrolier ont déjà affecté négativement la croissance de 1,7 point en 2007. On s’attendait aussi à une baisse des ressources pétrolières même en dehors de la crise. Si la réserve accumulée de la manne précédente n’est pas stockée, il serait très difficile de faire face à la conjoncture lorsque la récession s’accentuera au courant 2009. En ce qui concerne les autres produits à l’exportation, notamment les cultures vivrières et le coton, leur contribution à la croissance économique est non seulement insignifiante, mais surtout négligée car tout est axé sur les contributions du secteur pétrolier. La contribution des cultures vivrières à la croissance a été négative pour la deuxième année consécutive. Il est extrêmement difficile de tabler sur une hausse de la demande interne dans ce secteur. Du coté des finances publiques et du fonctionnement des structures économiques, la situation pourrait être plus inquiétante en temps de récession. Les mesures conjoncturelles prises par les autorités ont dans leur ensemble échoué. Pour mémoire, la non-application des mesures sur les matériaux de construction. Les mesures conjoncturelles prises sur les prix ont souvent été sources d’inflation. Au niveau du parlement, la situation est plus confuse en matière de politique de régulation des prix et de la concurrence. Du point de vue des organes d’études économiques en place, l’Institut national des statistiques, des études économiques et démographiques (Inseed) est techniquement peu doté en ressources matérielles et humaines pour produire des indicateurs fiables en temps réels permettant d’orienter la politique conjoncturelle. La situation sera plus critique encore en temps de pleine récession si l’Inseed ne fournit que des indicateurs partiels et avec retard. Cela aggraverait la situation car nous serions amenés à appliquer des mesures et politiques économiques de lutte contre la récession tirées des modèles sur les indicateurs d’autres pays. Quant à la cellule économique et au ministère de l’Economie et du plan chargés de l’élaboration de la politique économique, les incohérences et les limites de la Stratégie nationale de réduction de la pauvreté (SRNP) montrent bien que ces organes n’ont pas encore cerné les besoins réels de l’économie tchadienne et peinent toujours à élaborer les politiques économiques spécifiques adaptées. Tout compte fait, l’on s’attend à ce que le Tchad, une fois dans la tourmente des effets de la récession, ne soit abandonné qu’à lui-même avec des structures et organes internes autonomes très limités, ne permettant pas de prendre des mesures précises et efficaces. Le soutien des institutions de Bretton Woods n’est pas acquis et même s’il en sera question, ce ne sera qu’au moment où le pays sera profondément touché pour éviter que la crise humanitaire s’accentue. Certes, la Chine demeure le partenaire et allié économique important avec un permis d’exploration pétrolière et un gigantesque projet de 250 millions USD incluant la construction d’une usine de raffinage et d’une centrale électrique. Mais il faut tempérer l’optimisme de cette coopération car elle est désormais en récession. Et la coopération avec le Tchad ne peut certainement pas primer sur la vie des Chinois. Thierry Masra Mbanguingar
    QUELQUES ORIENTATIONS POSSIBLES

    Du coté des organes et institutions économiques, théoriquement la venue des économistes de formation expérimentés à la tête des institutions financières clés est obligatoire. La ligne des nominations actuelles du gouvernement doit être maintenu comme une des solutions de restructurations des organes et institutions économiques quitte à ce que ces institutions aient un accès aux données financières et monétaires réelles et soient dotés d’une profonde motivation pour conduire la politique de croissance au détriment des intérêts politiques stratégiques.  

 

    1- Evaluer les réserves actuelles de la manne pétrolière épargnée et activer le fonds de stabilisation afin de confronter les possibilités de couverture des programmes et mesures de relance par les fonds internes si jamais le recours au financement externe n’est pas possible.  

 

    2- Lancer une vaste politique de grands travaux dans des investissements industriels sur les besoins réels de production et non de négoces et de services qui sont peu créateurs d’emploi et génèrent peu de valeur ajoutée. Ceci est non seulement créateur d’emploi à court terme mais permettrait surtout à terme de transformer sur place les matières premières à l’exportation et donc accroître la capacité productive du pays et sa compétitivité dans les secteurs non pétroliers.  

 

    3- Le fonctionnement des comptes spéciaux et la tenue des dépenses budgétaires devraient obligatoirement être réévalués et réorientés pour soutenir la politique précédente car certains investissements infrastructurels dans de nombreux secteurs finiraient par être improductifs et puisqu’ils ne sont pas vraiment des besoins réels.  

   

    4- Lancer un vaste programme de productions des cultures vivrières pour une autosuffisance alimentaire agricole à l’instar du Sénégal.
    par Naygotimti Bambé(cefod)  

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