Jean-Pierre Bemba sera-t-il jugé par la CPI ?
C'est
pour répondre à cette question que s'ouvre aujourd'hui, à la Cour
pénale internationale (CPI) de La Haye, aux Pays-Bas, une audience dite
« de confirmation des charges », prévue jusqu'à jeudi, soit quatre
jours pour examiner s'il y a suffisament de preuves pour organiser un
procès. L'ancien vice-président de la République démocratique du Congo
est soupçonné d'avoir couvert des crimes de guerre et des crimes contre
l'humanité, crimes commis en Centrafrique par les hommes de sa milice
armée, le Mouvement de libération du Congo (MLC), entre octobre 2002 et
mars 2003 ,
Des meurtres, mais surtout des centaines de viols de femmes, de mineurs, d'hommes aussi, ont été commis par les miliciens du MLC, venus en octobre 2002 à la rescousse du président centrafricain menacé de coup d'Etat à Bangui.
Dans son accusation, le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Campo, estime qu'il existe des motifs raisonnables de croire que Jean-Pierre Bemba, en sa qualité de président et commandant en chef du MLC, était investi de fait d'une autorité pour prendre toutes les décisions sur le plan politique, mais également militaire. Pour l'accusation, il n'y a donc pas de doute sur son implication.
Le 26 mai dernier, deux jours après l'arrestation à Bruxelles du sénateur et ancien vice-président Bemba, le procureur de la CPI déclarait : « Il n'y a pas d'excuses pour un chef qui ordonne, autorise ou tolère que ses troupes commettent des viols et des pillages. Nous avons la preuve que M. Bemba a commis des crimes».
La ligne de défense des avocats de Jean-Pierre Bemba devrait s'articuler autour de deux axes. Premier argument : Bemba n'était pas sur place et n'a jamais été dans la chaîne de commandement. Deuxième argument : les miliciens qui ont commis des exactions ont été jugés et punis à l'époque par le MLC.
L'audience contradictoire qui s'ouvre aujourd'hui doit permettre au juge de confirmer ou non les charges contre Jean-Pierre Bemba. S'il les confirme, l'ex-chef rebelle et ancien vice-président sera jugé.