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ALHOURIYA
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25 février 2009

L'ONU s'inquiète des risques d'échec de ses opérations de maintien de la paix

 

    L'avertissement ne saurait être plus clair. "Le maintien de la paix de l'ONU est poussé     dans ses retranchements", a alerté, lundi 23 février, Alain Le Roy, le chef des opérations de paix des Nations unies. Le diplomate français a mis en garde un comité onusien     de près de 140 pays contre "l'échec" possible de certaines des missions les plus périlleuses de l'ONU : au Darfour, en République démocratique du Congo (RDC), et demain au Tchad ou en Somalie. "Nous sommes souvent incapables de trouver les ressources dont nous avons besoin, et nous nous débattons avec des mandats de plus en plus complexes, musclés, dans des environnements souvent hostiles", a-t-il expliqué.
    Selon un rapport du Center on International Cooperation (CIC), "2008 a été la pire     année pour le maintien de la paix depuis plus d'une décennie". Quoique moins meurtrières, les crises de 2008 ont, selon les auteurs, "rappelé à la mémoire" les échecs du maintien de     la paix des années 1990, en Somalie, en Bosnie ou au Rwanda. C'est "l'entreprise du maintien de la paix tout entière" qui est "au bord du gouffre", prévient le CIC, hébergé par     la New York University. Les chercheurs estiment en outre que la crise financière "menace de réduire les ressources allouées".
MANQUE DE MOYENS
   

Les opérations onusiennes ont augmenté de façon exponentielle ces dernières années, pour atteindre aujourd'hui le chiffre de 112 000 personnes déployées dans 18 missions, avec un budget de plus de 7 milliards de dollars (5,45 milliards d'euros). L'organisation est victime de ses succès, certes fragiles, en Sierra Leone, au Timor Leste, au Liberia ou en Haïti. A tel point que les dirigeants onusiens redoutent que le Conseil de sécurité oublie les leçons des échecs passés, et notamment le fait que les casques bleus sont efficaces pour maintenir la paix, non pour l'imposer.
Les déploiements récents au Darfour, en RDC, bientôt dans l'est du Tchad, et peut-être en Somalie, se font en l'absence de véritables processus politiques, parfois sans l'accord des belligérants, "dans des situations où l'ampleur des hostilités menace de submerger les capacités de réponse", a prévenu Alain Le Roy. Les moyens en hommes et en matériel font défaut, comme au Darfour,     où l'ONU réclame toujours en vain des hélicoptères. De fait, les pays contributeurs de troupes sont "mis à rude épreuve par les demandes cumulatives de l'ONU, de l'OTAN, de l'Union     africaine (UA) et de l'Union européenne (UE)

Un fossé s'est aussi creusé entre les pays occidentaux, qui décident des missions de paix et les financent, et les pays africains ou asiatiques, dont les soldats exécutent les tâches les plus dangereuses. Une des dernières actions de l'administration Bush à l'ONU a été de militer en faveur d'une mission en Somalie, pour laquelle aucun pays, ou presque, n'est volontaire. De son côté, la France a oeuvré pour que l'ONU prenne le relais de l'UE au Tchad, alors que, selon le rapport du CIC, il existe "des doutes sur le réalisme" de cette mission. L'ONU, la France et le     Royaume-Uni, inquiets de la situation, ont ouvert une réflexion de fond. L'année "2009 sera cruciale", a expliqué Alain Le Roy, qui estime que plusieurs missions des Nations unies font     "face à des risques d'une telle ampleur qu'on ne peut pas écarter la possibilité d'un échec".

 

    Philippe Bolopion  

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