Tchad : Le charbon de bois interdit par le gouvernement
L'interdiction imposée sur l'utilisation du charbon de bois a aggravé
les conditions de vie des populations déjà touchées par la flambée des
prix des denrées alimentaires. Les familles sont
obligées de brûler les meubles, les excréments de bœuf et les racines des plantes pour essayer de cuisiner.Le
charbon de bois est devenu une denrée rare dans les principales villes
du Tchad, depuis que le gouvernement a interdit sa vente pour lutter
contre le déboisement et la désertification. "J'utilise des fruits
sauvages que j'ai récoltés, tels que les noix de palme", déclare
Nangali Hélène, une habitante de la capitale, Ndjamena. "Mais elles
nous rendent malades. Elles ne se brûlent pas bien, émettent une fumée
épouvantable et dégagent une odeur nauséabonde. La nuit dernière, nous
avons commencé à brûler la charpente de la véranda de notre maison." Le
charbon de bois est la seule source d'énergie domestique utilisée par
environ 99 pour cent des Tchadiens. Le sac de charbon qui se vendait
auparavant à environ 5000 francs CFA, coûte désormais sur le marché
noir environ quatre fois cette somme.Pour
protester contre la mesure gouvernementale, l'opposition a appelé le 21
janvier à un "tintamarre" de casseroles de 15 minutes quotidiennes de
vendredi à dimanche. " Nous voulons que les gens tapent sur des
casseroles vides pour dénoncer cette mesure", a déclaré Saleh Kebzabo,
l'un des leaders de la Coordination des partis politiques pour la
défense de la Constitution (CPDC). Les manifestations de rues sont
interdites par les autorités.
Le 14 janvier, les soldats de l'armée et
la police ont dispersé la foule qui s'était réunie dans la capitale
pour protester contre les mesures prises par le gouvernement et, plus
généralement, contre le coût élevé de la vie.
Réchauffement climatique
Les
Tchadiens doivent chercher d'autres formules pour faire la cuisine et
oublier le charbon de bois et le bois de chauffe", a récemment déclaré
Ali Souleyman Dabye, le ministre de l'Environnement. "Faire la cuisine
est une nécessité fondamentale pour chaque foyer. D'un autre côté avec
le changement climatique, chaque citoyen doit protéger son
environnement ".
Même si plusieurs personnes disent comprendre la nécessité de protéger l'environnement pour justifier cette mesure, elles se disent néanmoins surprises de la vitesse à laquelle la mesure est entrée en vigueur. En décembre dernier, les forces de l'ordre ont saisi des camions transportant du charbon de bois. De nombreux camions et leur contenu ont été brûlés dans les faubourgs de Ndjamen, mais le gouvernement a démenti en être à l'origine. Il a recommandé cependant l'usage du gaz butane comme solution alternative. Une mesure jugée irréaliste par Marie Larlem, la coordinatrice de l'association tchadienne pour la promotion des libertés fondamentales.
A
N'Djamena, selon la population, peu d'habitants utilisent le propane,
une denrée rare. Les personnes qui en ont les moyens se rendent de
l'autre côté de la frontière, au Cameroun, pour y acheter du gaz. Un
accord a récemment été signé entre le gouvernement et un homme
d'affaires nigérian, pour la livraison du gaz. La presse locale se fait
chaque jour l'écho des rumeurs non vérifiées de nombreuses personnes
brûlées parce qu’elles ne savent pas utiliser le gaz butane. Le
gouvernement tchadien n'envisage pas de lever la mesure imposée sur
l'utilisation du charbon de bois.
Source: http://www.bbc.co.uk/