Guinée : la junte nomme un civil Premier ministre
La junte au pouvoir depuis le coup d'Etat du 23 décembre en Guinée a
nommé mardi un civil, le banquier Kabiné Komara, comme Premier
ministre.
Les syndicats à l'origine des grandes manifestations hostiles au
président Lansana Conté en janvier-février 2007 avaient déjà proposé M.
Komara au poste de Premier ministre
La junte multiplie les rencontres
Mardi matin, selon une source syndicale, le chef de la junte, le
capitaine Moussa Dadis Camara, a reçu plusieurs leaders syndicalistes,
dont Rabiatou Serah Diallo, figure de la résistance au défunt président
Lansana Conté, décédé le 23 décembre après 24 ans de pouvoir contesté.
La rencontre a eu lieu au camp Alfa Yaya Diallo, le plus grand du pays
et quartier général des putschistes,
En début d'après-midi, les putschistes ont entamé une rencontre avec
représentants de la communauté internationale, notamment les
ambassadeurs des pays du G8, des représentants de l'ONU, du Fonds
monétaire internationale (FMI) et de la Banque mondiale. La junte a
promis des élections en décembre 2010, soit à la fin du mandat du
président Conté. Mais ce délai est jugé trop long par la communauté
internationale. La France, les Etats-Unis et l'Union européenne ont
évoqué un délai de six mois, l'opposition guinéenne d'un an.
Le Sénégal, seul soutien officiel de la junte
Interrogé pour savoir si la France condamnait le putsch,
le secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet a répondu
lundi, lors d'une visite à Dakar : «La France demande surtout que des
élections puissent être organisées dans les délais les plus brefs».
Le président sénégalais Abdoulaye Wade avait appelé vendredi la
communauté internationale à «soutenir» la junte. Il s'agissait du
premier soutien exprimé officiellement aux putschistes par un dirigeant
étranger. Mais l'Union africaine (UA) a de son côté suspendu lundi la
Guinée des activités de l'organisation continentale après le coup
d'Etat de la junte et ce jusqu'au «retour de l'ordre constitutionnel».
«Wade si près de la junte, si loin de l'Afrique», titrait mardi à la
une le journal privé sénégalais Le Quotidien, selon lequel la
«sanction» de l'UA envers les putschistes guinéens constitue aussi un
«désaveu» du président sénégalais «qui a joué la carte +hors-la-loi+».
Samedi, lors d'une rencontre avec la société civile, syndicats et
partis politiques, les putschistes avaient dénoncé d'un ton extrêmement
ferme tous ceux qui s'en sont mis «plein les poches» sous le régime du
président Conté (1984-2008), assurant que les «coupables de
détournement» seraient «châtiés».