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ALHOURIYA
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23 décembre 2008

La mort de Lansana Conté plonge la Guinée dans la confusion

Des soldats guinéens ont annoncé mardi à la radio publique la dissolution du gouvernement et de la constitution quelques heures après la mort du président Lansana Conté (au premier plan), suggérant l'imminence d'un coup d'Etat. (Reuters/Viktor Korotayev)
Des soldats guinéens ont annoncé mardi à la radio publique la dissolution du gouvernement et de la constitution quelques heures après la mort du président Lansana Conté (au premier plan), suggérant l'imminence d'un coup d'Etat.
La plus grande confusion régnait à Conakry après l'annonce dans la nuit de la mort de Conté, décédé lundi d'une longue maladie à l'âge de 74 ans. Il dirigeait le pays d'une main de fer depuis 1984 malgré une santé déclinante.
Joints par Reuters, des journalistes de la radio ont déclaré qu'un groupe de soldats avait fait irruption au siège de la radio et ordonné la lecture d'un communiqué annonçant la création d'un conseil consultatif chargé de nommer dans les prochains jours un nouveau président et un gouvernement.
L'identité des mutins restait floue dans l'immédiat.
L'armée obéissait à Conté. Maintenant qu'il n'est plus là...
s'inquiétait un journaliste guinéen sous le sceau de l'anonymat.
Le président Lansana Conté, qui vivait le plus souvent reclus ces dernières années, souffrait notamment de diabète. Il s'était rendu à de nombreuses reprises à l'étranger depuis 2002 pour des traitements médicaux, que ce soit au Maroc, à Cuba ou en Suisse.Le Premier ministre, Ahmed Tidiane Souaré, le président de l'Assemblée nationale Aboubacar Somparé, le chef des forces armées Diarra Camara et d'autres hauts responsables sont apparus dans la nuit à la télévision nationale à l'annonce de sa mort.
"J'ai la lourde et difficile tâche de vous informer avec une profonde tristesse du décès du général Lansana Conté, président de la République de Guinée, à la suite d'une longue maladie", a déclaré Somparé, qui a demandé à la Cour suprême de le nommer chef de l'Etat par intérim, conformément à l'article 34 de la Constitution.
DEUIL DE 40 JOURS
Il serait dès lors chargé d'organiser une élection présidentielle dans un délai de 60 jours pour trouver un successeur à Conté, qui n'a jamais clairement désigné de "dauphin". Somparé a également annoncé un deuil national de 40 jours.
Un des dirigeants de l'opposition, Jean-Marie Doré, de l'Union pour le progrès de la Guinée (UPG), s'est déclaré attristé par la disparition d'un "compatriote".
"Le plus important est à venir: il faudra absolument que les institutions fonctionnent normalement et que les dispositions de la constitution soient respectées", a-t-il dit avant que des soldats ne prennent le contrôle de la radio publique.
Bien que le président se soit éteint lundi à 18h00 GMT, les autorités ont attendu la nuit, alors que la majeure partie du pays dormait, pour annoncer le décès.
Lansana Conté, qui appartenait à l'ethnie Soussou, minoritaire en Guinée-Conakry, s'était emparé du pouvoir quelques jours après la mort du premier chef de l'Etat du pays, le dictateur marxiste Ahmed Sékou Touré, décédé en mars 1984.
Né vers 1934 dans une famille paysanne de Moussayah Loumbaya (région de Kindia), Conté s'était engagé dans l'armée française en 1955. Deux ans plus tard, il était affecté en Algérie pour lutter contre les insurgés. Lorsque la Guinée opta pour l'indépendance, en 1958, il fut l'un des premiers militaires guinéens à revenir au pays pour y servir le tout nouvel Etat.
Après son arrivée au pouvoir en 1984, il installa un gouvernement composé pour moitié de civils, entreprit de démanteler l'Etat policier le plus dur que comptait alors l'Afrique de l'Ouest et s'employa à améliorer les relations entre Conakry et les pays voisins.
Ménageant tout d'abord de bonnes relations avec les Soviétiques, il se tourna peu à peu vers les Etats-Unis, intéressés par la bauxite dont la Guinée est grand producteur, et entreprit de se réconcilier avec l'ancienne puissance coloniale, la France.
INSTABILITÉ DEPUIS DEUX ANS
Alors qu'une vague de démocratisation se propageait à travers l'Afrique, au début des années 1990, il instaura le pluralisme et remporta en 1993 la première présidentielle multipartite. Mais les opposants crièrent à la manipulation des résultats, qui avaient été annulés dans les secteurs où ils étaient le mieux implantés.
En 1996, le président Conté survécut à un coup de force qui fit des dizaines de morts. Son principal opposant, Alpha Conté, fut arrêté avant le scrutin de 1998, que le président remporta dans un fauteuil.
Le référendum constitutionnel de 2001 - assimilé par l'opposition à un coup d'Etat - releva l'âge limite d'exercice du président. Sa victoire à la présidentielle de décembre 2003 lui garantissait de rester au pouvoir jusqu'en 2010.
Le 2 octobre dernier, la Guinée avait fêté le cinquantenaire de son indépendance. Depuis des années, l'opposition pressait Conté de se retirer du pouvoir, en raison de son état de santé. Le pays a connu divers troubles sociaux ces deux dernières années - des émeutes firent plus de 180 morts début 2007 -, et une grande instabilité gouvernementale.
Une mutinerie a secoué plusieurs villes du pays en mai dernier, motivée par des retards dans le paiement de la solde.

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