Relisons les révélations sur Guihini Korei, nouveau porte-parole de l'UFR (laleonline)

Guihini Korey [photo] était le tout puissant Directeur Général de la sinistre DDS, la police politique de Habré, qui a semé tant de désolation dans toutes les familles de toutes les régions du Tchad. Pour les Tchadiens, Guihini est synonyme du régime de Habré. Guihini c’est la DDS et vice versa. Sur ce chapitre, il n’y a rien à pérorer ; tout est connu, tout a été dit.

A l’écroulement du régime, à l’instar de tous les proches de Habré, Guihini a pris le chemin d’exil, mais à ce jour il est un des rares à continuer à goûter aux « délices » de l’exil. Après quelques brefs séjours au Niger, il a déménagé au Bénin, gîte propice à tous les rebelles tchadiens, où il s’est mis au service du nouveau locataire du palais rose.       

La rébellion tchadienne ayant changé de tuteur, Guihini s’est retrouvé dernièrement à Khartoum dans la valise d’une personnalité, proche parent à lui. La communauté tchadienne à Khartoum voit très mal la présence de Guihini, les gens le boudent, refusent de le saluer, murmurent ; chacun le prend responsable direct de la mort de tel frère, tel cousin, tel oncle, etc. Et les réflexes de vengeance commencent à refaire surface. Du coup Guihini se sent menacé et commence à parler haut et fort : Guihini refuse de porter seul la responsabilité de la mort de plus de 40.000 tchadiens, se dit prêt à témoigner, à citer nommément ceux qui ont tué telle ou telle personne, ceux qui ont dénoncé, ceux qui ont joué un quelconque rôle dans la disparition de n’importe qui. Guihini est une mine d’or ; les noms et les événements qu’ils balancent sont tout simplement inédits, ahurissants et donnent des frissons. Comme pour d’autres, déçu du locataire du palais rose, Guihini nous révèle la face cachée de Deby et de beaucoup d’hommes politiques qui ont joué un rôle crucial dans le nettoyage ethnique de leur propre région. En s’intéressant uniquement au rôle de Deby, nous apprenons de la bouche de Guihini que Deby, Conseiller à la sécurité de Habré et responsable de la sécurité de l’unir, a joué un rôle de premier ordre dans les arrestations et assassinats commis durant cette période. Contrairement à l’apparence, il coiffait une part importante des activités de la DDS et est au courant de tout ce qui se passait. Pour Guihini, le tchadien connaît Deby en tant que militaire mais ignore l’autre face, celle du superviseur des activités de la DDS.

La communauté Zaghawa a toujours pensé que Guihini est le premier responsable de la dégradation des relations entre Djamouss et Habré. Depuis Khartoum, Guihini rejette catégoriquement cette accusation et désigne carrément Deby, et à la surprise de ses interlocuteurs, Guihini disculpe certains cadres Zaghawa accusés d’avoir été des délateurs au service de la DDS. Il rapporte cette scène : « un après midi, j’étais convoqué par Habré ; arrivé au palais, je l’ai trouvé assis avec son conseiller à la sécurité. Habré commence à m’insulter, et je vais semblant de n’avoir rien entendu, et passe la parole à son conseiller ; celui-ci me demande si je suis au courant que Sidick Fadoul veut fuir; ma réponse est non. Alors Habré saute sur l’occasion, pour me demander qu’est ce que j’attends pour l’arrêter ?? alors ma réponse est de dire que le type habite chez le Com chef et que ça serait très humiliant de faire une telle chose, et son conseiller de reprendre : si tu ne veux pas faire ton boulot, on trouvera quelqu’un d’autre pour le faire ». On connaît la suite.    

Une autre scène rapportée par le même Guihini est relative à Abderahmane Izzo Miskine : Habré donne l’ordre à la DDS de procéder à l’arrestation d’Abderahmane Izzo, dans le cadre de l’opération « enlever les caillou des tas du mil » (traduit du gorane). Guihini hésite, car Izzo est apolitique, n’assiste pas à des réunions claniques, et est aussi proche de Idriss Miskine, décédé depuis. Ibrahim Itno apprend la nouvelle et rentre dans une intense colère et au cours d’une rencontre restreinte, menace de démissionner si on touche à Izzo ; c’est l’occasion choisi par Deby pour s’adresser à Ibrahim : « laisse les services faire leur boulot »        

Ces genres des scènes, Guihini en rapporte en gogo. Guihini parle, se disculpe, menace et se dit prêt à témoigner devant n’importe quel tribunal, qu’il a des témoins et qu’il ne parle pas en l’air. Il cite pêle-mêle des noms jusqu’à là insoupçonnés, de tous les milieux et toutes les couches sociales.    

Ce que Guihini raconte est très amer, difficile à supporter, mais c’est utile et intéressant, et cela ne le disculpe nullement. Pour la mémoire des victimes, pour comprendre le mécanisme de fonctionnement du système Habré, pour débusquer les commanditaires, les complices et autres exécuteurs, qui se sont terrés depuis et essaient de recouvrer une nouvelle virginité, pour la justice, il serait utile de prendre le témoignage de Guihini.        

Ne peut-on prendre le témoignage de Guihini devant une juridiction compétente, avant qu’il ne soit éliminé par ceux qui sont ou seront gênés par ses déclarations ? A suivre    

Correspondant de Tchadactuel.com à Khartoum